le 8 mars 2024
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Publié le 8 mars 2024 Mis à jour le 8 mars 2024

Égalité femmes-hommes, entretien avec Marie Marchand et Stefania Marcassa

Marie Marchand, chargée des dispositifs d'inclusion, et Stefania Marcassa, chargée de mission égalité femmes-hommes et maître de conférence spécialisée dans l’économie de la famille et du genre, travaillent de concert à CY Cergy Paris Université pour mettre en place les mesures prévues dans le plan égalité avec des actions à destination du personnel de l’université et des étudiants.

  • Pourriez-vous présenter de manière chronologique les différentes avancées opérées par CY Cergy Paris Université en matière d’égalité femmes-hommes ?
Stefania Marcassa : Conformément à la loi n° 2013-660 du 22 juillet 2013, le conseil d'administration a approuvé en septembre 2014 une charte de l'égalité femmes-hommes concernant les étudiants et l'ensemble du personnel, ainsi que les activités d'enseignement et de recherche. En 2019, une cellule de veille contre les violences et le harcèlement sexuel et moral a été proposée à tous les membres de la communauté́ universitaire (étudiantes, étudiants, enseignantes-chercheures, enseignants-chercheurs, personnels administratifs et technique) en collaboration avec l’institut Women Safe & Children. Depuis, un numéro de téléphone (01 34 25 28 28) et une adresse mail (celluledeveille@ml.u-cergy.fr) ont été mis à la disposition des personnes victimes ou témoins de violences sexuelles et sexistes, de discriminations, de racismes ou de toute forme d’agression afin d’en informer l’université pour qu’elle puisse intervenir. En tant que chargée de mission égalité femmes-hommes, je suis formée pour répondre aux signalements liés aux violences sexuelles et sexistes, au harcèlement sexiste ou sexuel. S’il s’agit d’autres types de signalements, je transmets ces alertes aux collègues habilités. L’autre grand pas réalisé par CY Cergy Paris Université a été la participation au projet européen Horizon 2020 LeTSGEPs financé par la commission européenne qui visait la mise en place d’un plan d’égalité professionnel femmes-hommes. En 2020, au moment de sa mise en place à l’université, un état des lieux des outils mis à disposition dans l’établissement en la matière a été dressé. La première version de ce plan d’égalité a été révisée en 2022. Des mesures en ont découlé et ont été appliquées avant décembre 2023 quand la mise en place du nouveau plan d’égalité établi pour 2024-2027 a été lancée.
  • En plus de la cellule de veille, l’université dispose-t-elle d’autres moyens pour pousser à libérer la parole quant aux inégalités femmes-hommes au sein de ses équipes et dans la communauté étudiante ?
Marie Marchand : Nous participons actuellement à l'enquête scientifique ACADISCRI financée par l'agence nationale de recherche. Elle a pour but de collecter des ressentis et de produire des données statistiques sur les inégalités de traitement et les conditions d'étude et de travail dans l'enseignement supérieur et la recherche. Ce questionnaire en ligne sera diffusé à partir du 14 mars 2024 et permettra, à son terme, de mieux connaître les difficultés rencontrées par les étudiants et les personnels de l'établissement. Globalement, cet outil va permettre de fournir une représentation statistique des situations de discrimination et de violences au sein des établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche. Son résultat va nous être très précieux pour connaître les ressentis sur le terrain et pour remédier à ces inégalités.
  • Quelles sont les dernières actions significatives portées par l’université pour défendre cette cause ?
Stefania Marcassa : En 2023, plusieurs ateliers de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles auprès des doctorants ont été proposés par l’association Du côté des femmes. Une cinquantaine de personnels a été formée pour participer à la lutte contre ces situations. Les formations ont vocation à être généralisées à tout le personnel et aux étudiants.
Marie Marchand : En septembre dernier, des distributeurs de protections périodiques ont été installés pour permettre un accès gratuit aux étudiantes. L’université lutte ainsi contre la précarité menstruelle et brise un tabou qui touche les femmes. Cela permet de corriger un déséquilibre qui existe dans la société, de réduire le stress de ne pas disposer de protections, et dans une certaine mesure, de lutter contre l’absentéisme. Depuis 2021, on réfléchissait à la concrétisation de ce projet qui résultait d’une demande forte de la communauté étudiante. Une enquête de la FAGE (fédération générale des associations étudiantes) avait révélé qu’un tiers des étudiantes avaient besoin d’une aide financière pour se procurer des protections. C’était une priorité pour l’université. Grâce à la contribution à la vie étudiante et de campus (CVEC), il a été possible de débloquer les financements pour lutter contre cette situation. Aujourd’hui, nos douze sites sont équipés de ces distributeurs de protections périodiques et sont alimentés grâce à l’investissement personnel de nombreux collègues, notamment au sein du réseau des bibliothèques universitaires. De plus, nous souhaitons collaborer avec le parlement étudiant qui dispose d’un groupe de travail dédié à l’inclusion et qui va notamment se pencher sur les problématiques liées à l’égalité femmes-hommes.
  •  A CY Cergy Paris Université, y a-t-il autant de femmes que d’hommes ?
Stefania Marcassa : Au niveau des doctorants, nous sommes quasiment à l’équilibre en termes de pourcentage avec 48,18% de femmes pour 51,82% d’hommes en 2023. Concernant les étudiants, nous avons 54,27% de femmes contre 45,73% d’hommes sur cette même année. Cependant, des écarts plus importants peuvent exister au sein des formations du fait de stéréotypes genrés en matière d’orientation. Au sein de la gouvernance de l’établissement, nous tendons également vers la parité. Il est crucial que des femmes occupent des postes décisionnels pour stimuler la multiplication des initiatives en faveur de l'égalité femmes-hommes. C'est également un moyen pour l'université de donner l'exemple, tout en constituant un critère essentiel de bien-être au travail pour les femmes salariées. De plus, cela renforce l'attrait de l'établissement pour les étudiantes et étudiants en quête d'une institution engagée dans la promotion de l'égalité entre hommes et femmes.
  • CY Cergy Paris Université étudie-t-elle de nouveaux projets à mettre en place pour tendre vers l’exemplarité en matière d’équité entre femmes et hommes ?
Marie Marchand : Dans le cadre de notre contrat d’objectifs, de moyens et de performance (COMP) avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, nous souhaitons mettre en place une plateforme de signalements en ligne. Celle-ci permettrait d’avoir un traitement juste, fléché et cadré de tous les types de signalements. Un tel dispositif nous pousse à retracer les circuits complets de prise en charge des victimes et des mis en causes, depuis le signalement jusqu’à la sanction. C’est un chantier important qui implique de nombreux acteurs tels que le service juridique, la direction des ressources humaines, la direction de la vie étudiante, ou encore la santé. La création de cet outil nous changerait la vie ! De nombreuses universités utilisent d’ores et déjà cet outil et nous serions fières d’en faire bientôt partie.


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