le 23 janvier 2024
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Publié le 23 janvier 2024 Mis à jour le 31 janvier 2024

Le projet VERSPERA mené avec le laboratoire ETIS souffle ses dix bougies

Michel Jordan, ingénieur de recherche à CY Cergy Paris Université depuis près de 30 ans.
Michel Jordan, ingénieur de recherche à CY Cergy Paris Université depuis près de 30 ans. - Michel Jordan, ingénieur de recherche à CY Cergy Paris Université depuis près de 30 ans.

Depuis dix ans, le projet de recherche VERSPERA numérise et modélise les plans de Versailles sous l’Ancien Régime pour préserver et mettre à disposition du public près de 6000 graphiques et permettre de se projeter dans les lieux documentés durant cette période.

La modélisation des plans de Versailles sous l’Ancien Régime n’a plus de secrets pour le laboratoire ETIS. Et pour cause, une petite équipe de ses chercheurs et ingénieurs a permis de donner vie au projet de recherche VERSPERA initié en 2013 par le Centre de recherche du château de Versailles et mené en partenariat avec les Archives nationales et la BnF. Une fois les milliers de documents d’archives bruts numérisés dans un souci de préservation, le laboratoire ETIS a eu pour mission de les retranscrire en 3D. "Les archivistes et historiens se sont accordés sur l’intérêt d’avoir des représentations du château tel qu’il était à l’époque en se basant sur les plans et sources écrites car il y a eu beaucoup d’aménagements, de destructions et de reconstructions au cours de cette période courant de 1680 à la Révolution française", explique Michel Jordan, ingénieur de recherche au laboratoire ETIS qui a intégré l’université il y a près de 30 ans.

Visites virtuelles

Avec le temps, des parties du château ont disparu et la modélisation donne une meilleure visibilité des espaces et permet de mieux comprendre l’usage de certaines de ses pièces et de leur redonner vie en images. En 2017, la galerie Mignard a fait l’objet d’une première reconstitution 3D. Ce lieu d’exposition de Louis XIV dans lequel le tableau de la Joconde a longtemps été exposée, transformé en appartements dans les années 1730 par Louis XV, a bénéficié de la modélisation 3D. "Pour ce premier espace à reconstituer, nous avons conçu un logiciel qui a permis de faire de la modélisation 3D semi-automatique à partir des plans existants, raconte l’ingénieur. Des étudiants de la licence professionnelle Métiers du numérique - Patrimoine, visualisation et modélisation 3D de CY Cergy Paris Université ont été chargés chaque année de travailler sur un espace du château. Ils ont fait une modélisation de cette galerie très réaliste avec de la colorisation et l’ajout de détails collectés auprès des historiens ou des archivistes". Le projet de théâtre imaginé par Louis XV mais n’ayant jamais été construit a également profité de ce procédé grâce aux plans archivés.

"L’intelligence artificielle appliquée à l’analyse de documents anciens"

Le laboratoire ETIS a commencé à travailler sur le projet VERSPERA aux prémices de la modélisation autour d’espaces patrimoniaux remarquables. Depuis, les visites virtuelles sont légion dans les musées, galeries et monuments pour plonger les visiteurs dans une ambiance d’époque et offrir une immersion totale. La mise en ligne il y a cinq ans de la banque d’images liée au projet VERSPERA a été un événement marquant pour les différents acteurs du projet. "C’était la matérialisation et la concrétisation de plusieurs années d’un travail pluridisciplinaire colossal entre chercheurs, historiens, archivistes, informaticiens, infographistes et les étudiants mobilisés. Un aspect humain devenu très plaisant au fil des avancées, souligne Michel Jordan. Dans le cadre de leur étude, des scientifiques se sont appuyés sur ces documents du corpus VERSPERA pour alimenter des publications, ce qui a contribué à la valorisation du projet." Dix ans après son lancement, le projet continue de s’étoffer avec l’ajout régulier de nouveaux documents d’archives. Depuis, le laboratoire ETIS a développé la première version de son logiciel de modélisation 3D pour optimiser le temps de travail et le traitement des images qui sont désormais analysées par un algorithme. "C’est de l’intelligence artificielle appliquée à l’analyse de documents anciens", résume Michel Jordan. Un gain de temps considérable auquel sont parvenus les ingénieurs qui interviennent désormais directement sur une ébauche de modélisation 3D automatique. Celle-ci se fait en quelques secondes contre un quinzaine de minutes lors des premières reconstitutions.
 

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