Les recherches montrent que la répression ne peut constituer l’unique approche pour lutter contre la criminalité. Des passerelles permettant de bifurquer vers le mode de vie légal sont indispensables pour éviter la récidive. Un article de Valerian Benazeth pour The Conversation.
Valerian Benazeth, politiste (CESDIP, CY Cergy Paris Université/Université Versailles Saint-Quentin)
La loi narcotrafic, adoptée le 29 avril 2025 par l’Assemblée nationale, est essentiellement répressive. Pourtant, les recherches sur les parcours de sortie de la criminalité montrent que la répression ne peut constituer l’unique approche. Des passerelles permettant de bifurquer vers le mode de vie légal – on parle de "désistance" – sont indispensables pour éviter la récidive.
La "loi pour sortir la France du piège du narcotrafic" est essentiellement constituée de mesures répressives inspirées de la lutte contre le terrorisme : création d’un service de police "chef de file" contre la criminalité organisée ; d’un parquet national anticriminalité ; augmentation de la surveillance et des saisies pour les biens acquis illégalement ; secret sur les techniques d’enquête… En revanche, les mesures pour favoriser la sortie de la criminalité ne sont envisagées qu’à la marge. Or, les études sur le processus de "désistance" (processus d’abandon du mode de vie criminel) s’inscrivent à rebours de la stratégie politique choisie par le gouvernement. Ces travaux soulignent qu’il est nécessaire de trouver des passerelles pour compenser la perte financière, le statut, mais aussi la "marque pénale" associées à l’activité criminelle en vue d’une réinsertion durable.
Dans le cadre de ma recherche en région parisienne, de 2014 à 2018, j’ai enquêté auprès de 33 personnes ayant abandonné la criminalité. Ces personnes, anciennement impliquées dans la délinquance de rue (vol, violence, consommation et vente de substances addictives illégales…) m’ont permis d’étudier les changements de mode de vie dans leurs parcours.
La mise en couple, le fait de trouver un emploi légal, de devenir parent ou de déménager, sont des éléments de changement qui s’avèrent déterminants.
Sidi (les prénoms ont été anonymisés), 23 ans : "Le fait d’être papa […] ça me fait beaucoup réfléchir, parce qu’avant, je ne pensais qu’à ma gueule […] donc je me dis si je fais une connerie, c’est pas moi qui paie, c’est ma petite amie et ma fille qui paient […] maintenant, ce que je veux, c’est avoir une bonne vie, travailler…"
La responsabilité d’une condamnation pénale devient collective, elle touche toute une famille, le couple et les éventuels enfants. Elle se répercutera aussi sur la possibilité de trouver un emploi sur le marché légal. Or, un autre pilier des changements de parcours consiste à occuper un emploi dans lequel on se voit faire carrière, s’épanouir et structurer une routine quotidienne.
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