le 5 octobre 2020
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Publié le 30 novembre 2020 Mis à jour le 28 janvier 2022

[INTERVIEW] Vers un enjeu national : la digitalisation des formations

Le digital est devenu un enjeu majeur de la formation professionnelle, en particulier suite à la loi « Avenir professionnel » de 2018. Elle encourage les organismes de formation à étoffer leur offre vers le numérique et le digital. La crise du COVID-19, à travers le confinement généralisé, a été un véritable accélérateur de cette transformation. Comment les entreprises et centres de formations se sont adaptés au numérique dans l’écosystème des formations ?

Le 17 mars 2020, le confinement imposé suite à la crise sanitaire rend impossible le suivi des cours en présentiel. Pour les salariés d’Air France, inscrits en formation continue au sein des licences de l’IUT qui leurs sont dédiées (Licence Professionnelle (LP) Management des Activités Commerciales, LP Qualité Hygiène Sécurité et Environnement, LP Management de la chaîne logistique), il reste pourtant 5 mois de formation avant l’obtention du diplôme.

Rencontre avec Kheira Zemri, Directrice de formation continue au sein de l’IUT (Institut Universitaire de Technologie) de Cergy-Pontoise, interviewée sur les moyens mis en œuvre pour pallier aux conséquences de cette crise sur l’enseignement à CY université.

Comment l’université s’est adaptée et s’est tournée vers le distanciel ?

« En une semaine : les emplois du temps ont été ajustés et les cours ont basculé en visio-conférence. Une réactivité et une agilité permises grâce aux outils collaboratifs mis en place depuis quelques années. En particulier grâce à Moodle - une plateforme collaborative de CY Cergy Paris Université - qui permet de créer des cours, contenus, activités et proposant des outils d’interactions pédagogiques en ligne. Les contenus sont restés les mêmes, nous avons simplement revu le format des cours. Nous sommes passés d’un format classique, à un format de cours inversés. Les professeurs ont fait parvenir les supports en amont afin que les stagiaires en prennent connaissance. Et lors des visio-conférences, les enseignants recherchaient un maximum d’interactions, avec des études de cas et des débats. »

Comment les apprenants ont accueilli le passage au numérique au sein de leurs enseignements ?

« La crise du Covid a accéléré la transition digitale au sein de la formation. Au début, il y a un temps de prise en main important pour tous. On tâtonne, on s’entraide, on se forme aux outils numériques sur le terrain pour s’adapter aux nouvelles méthodes de travail. Dans ces formations, la plupart des stagiaires possédaient déjà leur matériel, dans le cas contraire l’université leur a fourni le nécessaire pour étudier dans les meilleures conditions. Aucune fracture numérique n’a été détectée. »

Quels ont été les retours des apprenants et des enseignants sur ce nouveau format et les perspectives pour la suite ?

« Que du positif, tout le monde a été très satisfait de ces changements qui ont été très bien acceptés. Les entreprises ont beaucoup apprécié notre réactivité et notre capacité d’adaptation. Pour la suite, les entreprises partenaires voudront des formations avec au moins 50% de distanciel. La formation digitale est basée sur une économie nouvelle, tout se réinvente. Grâce au cours à distance, les apprenants ne sont plus obligés de se déplacer tous les mois de part et d’autre de la France pour suivre leurs formations, ce sont de véritables gains de temps et d’argent à la fois pour les entreprises et pour les salariés en formation. »

Nos échanges avec Kheira Zemri nous montrent que l’approche digitale au sein de la formation professionnelle en milieu universitaire est un véritable défi gouvernemental et économique.

Cependant cette transformation digitale n’est pas toujours bien accueillie selon la formation et le public, comme le souligne Gaëtane Popesco responsable du Diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU).

Effectivement, au sein du DAEU, la formation via le digital n’a pas été vécue aussi facilement durant le confinement. Public décrocheur, les stagiaires du DAEU cherchent à obtenir un équivalent au baccalauréat dans un objectif de reprise d’études et d’accomplissement personnel et professionnel. Néanmoins, la fragilité du parcours scolaire des stagiaires du DAEU nécessite un véritable accompagnement qui n’a pas toujours pu être assuré pendant la période de confinement. Pour pallier la fracture numérique, l'université a prêté des ordinateurs aux stagiaires afin qu’ils puissent bénéficier de la continuité pédagogique. En suivant cette formation, les apprenants cherchent surtout à retrouver un lien social avec les formateurs qui les accompagnent et les guident. Cette période de distanciation sociale n’a pas toujours été simple à gérer à la fois pour le suivi de la formation et l’identification des difficultés de chacun.