le 23 février 2023
Bâtiment Les Chênes 2
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Publié le 14 décembre 2022 Mis à jour le 17 février 2023

Ateliers de recherche, Sophie Bessis

Ateliers de recherche - Sophie Bessis
Ateliers de recherche - Sophie Bessis

Dans le cadre des ateliers de recherche organisés par le master-doctorat Littératures francophones de CY Cergy Paris Université, Sophie Bessis est invitée le jeudi 23 février 2023 sur le site universitaire des Chênes pour un séminaire autour de la thématique : écrire l'Histoire.

Présentation

Sophie Bessis est née à Tunis, en 1947.

Elle est spécialiste des relations Nord/Sud, des questions africaines et du Maghreb.

Elle a occupé le poste de rédactrice en chef dans plusieurs magazines et revues (Jeune AfriqueVivre AutrementLe Courrier de l’Unesco…) avant de devenir consultante auprès d’organisations internationales dans plusieurs pays africains. Elle a enseigné à l’INALCO et au département de Sciences politiques de l’Université Paris I. Elle fut membre du Haut Conseil pour la Coopération internationale (HCCI) entre 2000 et 2001. Elle a été chercheuse associée à l’IRIS jusqu’en 2021.

Sophie Bessis a également été secrétaire générale adjointe de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et consultante pour l'UNESCO et l'UNICEF à travers de nombreuses missions en Afrique.

Agrégée d'histoire, elle a écrit une quinzaine d’ouvrages traitant des questions de développement, du Maghreb et du monde arabe, ainsi que de la condition des femmes dans ces deux régions. 

Interview avec Sophie Bessis
  •  Que peut être la littérature pour l’historienne que vous êtes ?
    Mes centres d'intérêt ne se résument pas à mon métier d'historienne, même si je pense que l'histoire est une incomparable grille de lecture du monde, de ses évolutions et de ses régressions. La littérature, dans laquelle j'ai été immergée depuis mon enfance, reste pour moi une source inépuisable de savoir et d'émotion. La poésie d'abord, qui est je crois la seule forme littéraire capable de recoudre les plaies que s'acharnent à ouvrir les comportements humains, tout en les laissant saigner. Et le roman bien sûr, quelle que soit son époque et sa forme. J'ai très tôt plongé dans le roman classique, des Français aux Russes en passant par bien d'autres dont, bien sûr les Américains. Le roman africain, qui a pris son essor dès le début des années 1960, m'a offert quelques bijoux qui m'ont marquée. J'évoquerai aussi le théâtre que j'ai beaucoup lu, là encore de Shakespeare à Racine puis à Césaire, mais le théâtre se regarde et s'écoute plus qu'il ne se lit. Ce que je viens de vous dire peut concerner tout le monde. Pour l'historienne que je suis, la littérature est en outre un outil de compréhension des époques et des sociétés que l'on aborde. Peut-on comprendre la société russe sans Tolstoï, son XXe siècle sans Vassili Grossman ? Peut-on entrer dans le XIXe siècle français sans Balzac ou Flaubert, dans l'imaginaire anglais de la même époque sans les soeurs Brontë ? Tenter d'imaginer ce que fut l'esclavage aux Amériques sans Tony Morrison ou l'apartheid sud-africain sans André Brink ? Et décrypter les ressorts des dictatures africaines sans Amadou Kourouma ? Quand j'enseignais à Paris I l'histoire de l'Afrique subsaharienne contemporaine, la bibliographie que je fournissais aux étudiants comportait toujours plusieurs romans et ils avaient l'obligation d'en lire au moins un au cours de l'année. Au-delà du plaisir infini que tout beau livre procure à la personne qui le lit, la littérature est, je crois, un outil indispensable à la panoplie de l'historien. Sans oublier la littérature orale, du conte à l'épopée, dont on sait à quel point elle a été utile, entre autres à l'histoire africaine.
     
  •  Quelle différence faites-vous entre Histoire et roman historique ?
    Votre question est étrange. Il n'est pas en effet question de différence. Ce sont deux registres ressortant de logiques qui ne se rencontrent pas. L'histoire est une relation/tentative de compréhension de faits réels, même si leur lecture est étroitement tributaire du lieu, de l'époque, de la classe sociale, des choix politiques et même du sexe de celui ou de celle qui les relate. Le roman historique appartient de plain pied à la littérature romanesque, donc à l'imaginaire qui n'a pas droit de cité en histoire. Certes, il s'inspire de faits réels, les raconte parfois avec un réel bonheur, comme Dumas père, mais il s'en sert pour construire une fiction, ce que l'histoire ne peut jamais être. Quand l'histoire invente, c'est qu'elle se trompe, à dessein ou par ignorance. Il n'y a donc pas lieu de parler de différence mais d'incommensurabilité.
Informations pratiques
  • Jeudi 23 février 2023 de 17h à 19h
  • Salle 008, bâtiment des Chênes 2, site des Chênes à Cergy
  • Entrée libre, ouvert à tous

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