Prix de la chancellerie 2025

Nicolas Woloszko lauréat

Nicolas Woloszko, doctorant du laboratoire ThEMA, a reçu un prix solennel de thèse de la chancellerie des universités de Paris.

Chancellerie des universités de Paris - Sylvain Lhermie
Recherche

Published on

Reading time : 3 minutes.

Le 2 décembre s’est tenue l’édition 2025 de la cérémonie des prix solennels de thèse de la chancellerie des universités de Paris. Parmi les lauréates et lauréats distingués cette année figure Nicolas Woloszko, doctorant du laboratoire ThEMA. Une reconnaissance qui vient saluer un parcours singulier, placé sous le signe de l’interdisciplinarité et de l’innovation méthodologique.

Sous la direction de Laurence Jacquet et Guillaume Chapelle, Nicolas Woloszko a soutenu en janvier 2024 une thèse intitulée "Essays on Nowcasting : Machine learning, données haute-fréquence et prévision économique". Celle-ci présentait notamment l’OECD Weekly Tracker, un outil innovant de suivi en temps réel des évolutions du PIB de 48 pays, aujourd’hui largement mobilisé par la communauté internationale. "Ma thèse a consisté à croiser des idées, outils et façons de travailler propres au machine learning avec la macroéconomie et la prévision", explique le lauréat. Formé à l’ENS Paris-Saclay puis à l’ENSAE avant de rejoindre CY Cergy Paris Université, il souligne combien ces environnements ont façonné son approche : "j’en ai gardé un certain désir de circuler entre les disciplines académiques".

Cette orientation interdisciplinaire se cristallise lorsqu’il intègre l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques). Très tôt, il entreprend d’y repenser les outils de la prévision économique à la lumière des avancées en apprentissage statistique. Constatant les limites des données traditionnelles, publiées avec un décalage important, il s’intéresse aux données alternatives, notamment Google Trends. Un concours de circonstances favorables que sont l’appui du chief economist de Google, Hal Varian, puis l’irruption de la pandémie de covid-19, précipite la construction du Weekly Tracker. "Aucune statistique publique n’était de taille à rendre compte d’un choc aussi abrupt", rappelle Nicolas Woloszko. Le PIB hebdomadaire de nombreux pays devient alors estimable en temps réel grâce à un réseau de neurones capable d’agréger des signaux liés à la consommation, au marché du travail ou encore à l’immobilier.

Mis en production à l’été 2020, l’outil connaît une large diffusion : au sein de l’OCDE, mais aussi dans plusieurs banques centrales, au Trésor britannique, au FMI (Fonds monétaire international), avec un relais important dans les médias internationaux. Le magazine Fortune baptise même le PIB hebdomadaire ''Woloszko's GDP" (le PIB de Woloszko).

J’ai été invité à présenter la méthodologie dans plusieurs grandes institutions, et les chiffres produits chaque semaine ont été abondamment repris par le Financial Times ou The Economist.

La rédaction d’une thèse s’est imposée comme le moyen d’introduire son travail dans la large communauté de la recherche en économie. "La notion de communauté en recherche compte beaucoup pour moi, il s’agit d’une forme de collaboration très large et puissante fondée sur le partage de valeurs communes. Ça m’a demandé un certain investissement, mais qui à terme donne plus de cohérence à mon parcours".  

Pour son travail, Nicolas Woloszko s’est vu décerner le quatrième prix en sciences économiques par la chancellerie des universités de Paris. Recevoir aujourd’hui un prix solennel de thèse revêt pour lui une signification particulière : "je suis très fier de ce prix, d’autant plus que ma thèse a été entreprise dans un cadre un peu spécial puisque je travaillais en parallèle à l’OCDE, et que je n’étais pas, comme la plupart des doctorants, dans un laboratoire à plein temps. Elle valide sa qualité académique".

Désormais chercheur à Capital Fund Management, Nicolas Woloszko poursuit une trajectoire fidèle à son goût pour le décloisonnement scientifique : "je travaille avec des physiciens, mathématiciens et informaticiens à améliorer notre compréhension de l’économie et des marchés financiers". Une démarche toujours guidée par l’idée que l’innovation naît de la rencontre des disciplines, principe fondateur de son parcours et moteur de ses travaux.

En 2024, Laurène Renaut, doctorante du laboratoire AGORA, avait également été lauréate dans la catégorie Lettres et sciences humaines.