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Publié le 11 juin 2025 Mis à jour le 12 juin 2025

Priscilla Baker récompensée du prix international L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science

Priscilla Baker est co-directrice du laboratoire SensorLab de l'université du Cap-Occidental, en Afrique du Sud.
Priscilla Baker est co-directrice du laboratoire SensorLab de l'université du Cap-Occidental, en Afrique du Sud. - Priscilla Baker est co-directrice du laboratoire SensorLab de l'université du Cap-Occidental, en Afrique du Sud. - © UWC

La chimiste de l’université du Cap-Occidental (Afrique du Sud) est l’une des cinq lauréates du prix, sélectionnées parmi des chercheuses du monde entier. Cette distinction est l’occasion de saluer sa contribution inestimable à la vie scientifique de CY Cergy Paris Université à travers ses activités au sein de SenergyLab, le laboratoire international associé qu’elle co-dirige avec Pierre-Henri Aubert, chercheur au LPPI.

Saluer un parcours scientifique remarquable

Dans le paysage dynamique de la recherche scientifique, certaines figures se distinguent par leur persévérance, leur sens de l’innovation et leur engagement à repousser les frontières de la connaissance. Parmi elles, la professeure Priscilla Baker, chimiste analytique de renom à l'université du Cap-Occidental (University of the Western Cape, UWC) en Afrique du Sud, incarne cette excellence. Reconnue pour ses contributions significatives dans le développement de capteurs électrochimiques avancés, ses travaux ont des implications profondes dans divers domaines, allant de la surveillance environnementale à la santé humaine.

Le parcours de Priscilla Baker est jalonné d'une quête incessante de solutions novatrices à des problèmes concrets. Ses recherches se concentrent principalement sur la conception et l'application de matériaux nano-structurés et hybrides pour la fabrication de capteurs électrochimiques sensibles et sélectifs. Ces dispositifs sont cruciaux pour la détection rapide et précise de contaminants dans l'eau, de biomarqueurs de maladies dans des échantillons biologiques, ou encore de substances d'intérêt dans des procédés industriels. Son approche interdisciplinaire, combinant la chimie, la physique des matériaux et l'ingénierie, a permis d'ouvrir de nouvelles voies pour des applications pratiques et accessibles.

En juin 2025, la reconnaissance du travail remarquable de Priscilla Baker a franchi une nouvelle étape : elle a été désignée lauréate du programme Pour les Femmes et la Science, porté par la fondation L’Oréal-UNESCO. Ce prix distingue chaque année cinq chercheuses à travers le monde pour l’excellence de leurs travaux et leur engagement en tant que modèles pour les générations futures.

La chercheuse mesure l’impact d’un tel prix : "Ce prix me permet d’obtenir une reconnaissance de mon travail à l’international. Pour moi, c’est une belle responsabilité et un privilège de m’appuyer sur cette visibilité pour inspirer les jeunes filles. Malgré les progrès récents, les femmes scientifiques – particulièrement en Afrique – doivent encore faire face à des obstacles persistants comme leur sous-représentation dans la recherche ou un accès limité aux postes à responsabilité".

SenergyLab, fruit d’une collaboration au-delà des frontières

Priscilla Baker est au cœur d’un des projets ambitieux de CY Cergy Paris Université. Depuis plus de dix ans, une coopération scientifique d’envergure internationale réunit le laboratoire SensorLab de l’université du Cap-Occidental et le laboratoire de Physicochimie des Polymères et Interfaces (LPPI) de CY Cergy Paris Université. Initiée en 2013 par la chercheuse et ses homologues français et soutenue par CY Advanced Studies, cette collaboration porte sur le développement de matériaux de nouvelle génération : capteurs intelligents, cellules photovoltaïques, dispositifs médicaux et technologies pour la transition énergétique.

Cette dynamique scientifique a conduit à la création, en janvier 2020, du laboratoire international associé (LIA) SenergyLab, co-financé par CY Initiative et l’université du Cap-Occidental. Co-dirigé par Priscilla Baker et Pierre-Henri Aubert, professeur au LPPI, ce LIA a permis de structurer les échanges et les recherches conjointes entre les deux institutions. Il a notamment donné lieu au recrutement d’un post-doctorant et à la codirection de quatre thèses en co-tutelle, mobilisant des équipes des deux côtés de l’hémisphère. "Notre programme de doctorat en co-tutelle permet aux étudiants de profiter de l’appui de deux laboratoires de pointe à UWC et CY Cergy Paris Université et les aide également à devenir des chercheurs confiants en développant leur esprit critique et leurs compétences professionnelles. Les échanges culturels sont assurément une expérience enrichissante pour tous les étudiants et les personnels impliqués dans les activités du SenergyLab", témoigne Priscilla Baker.

Le succès du LIA SenergyLab repose sur des liens humains et scientifiques solides. Aux côtés de Priscilla Baker, Natacha Ross et Falewa Ayaji contribuent à l’avancée des recherches côté sud-africain, tandis qu’à CY Cergy Paris Université, Pierre-Henri Aubert coordonne le partenariat avec le soutien de Fabrice Goubard et Philippe Banet. La qualité de ces collaborations se reflète dans les parcours des doctorants impliqués, dont certains soutiennent leur thèse en 2025 et 2026.

Cécile Jouanne, l'une des doctorantes du programme, accueillie par Priscilla Baker et son équipe de UWC
Cécile Jouanne, l'une des doctorantes du programme, accueillie par Priscilla Baker et son équipe de UWC - Priscilla Baker et son équipe de l'UWC ont accueilli Cécile Jouanne (en avant-dernier à droite), l'une des doctorantes du programme de cotutelle. - © SenergyLab


Alors que la première phase de SenergyLab s’est conclue fin 2024, une seconde phase est déjà en discussion. Elle ambitionne de consolider les acquis de cette coopération internationale et de poursuivre les recherches sur les technologies durables. "Nous travaillons ensemble pour établir des flux de financement durables afin de soutenir la poursuite de cette collaboration. Nos recherches en science des matériaux et en mécanistique peuvent aboutir à la création de prototypes de dispositifs bénéfiques pour la société. Dernièrement, l'UWC a par exemple établi un site de production nano-micro où nous fabriquons des dispositifs permettant d'exploiter la puissance des capteurs électrochimiques et des systèmes énergétiques que nous avons développés jusqu'à présent. Ces dispositifs peuvent maintenant être déployés dans des formats portables, où l'électronique des systèmes de capteurs est intégrée dans des tee-shirts ou des bracelets, par exemple pour la mesure active de biomarqueurs de santé".

Le partenariat entre Priscilla Baker et CY Cergy Paris Université incarne ainsi une vision partagée de la science : collaborative, internationale, inclusive et tournée vers les grands enjeux sociétaux. “De plus en plus, la communauté scientifique se rend compte que les problèmes que nous traitons de manière isolée dans nos laboratoires ou au niveau national sont en fait des problématiques mondiales. La science n’est limitée ni dans le temps, ni dans l’espace. La chimie terrestre, dans ses aspects positifs et négatifs, nous affecte tous et nous devrions travailler ensemble pour élaborer des solutions globales et durables, en partageant nos connaissances et nos bonnes pratiques".

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