le 20 janvier 2017
  • Pédagogie

Publié le 8 décembre 2020 Mis à jour le 8 décembre 2020

Les pratiques pédagogiques sortent des sentiers battus

pedagogie innovante
pedagogie innovante

Des enseignants de l’UCP transforment leurs méthodes pédagogiques pour capter l’attention et mieux former les étudiants. Pour cela, ils utilisent les outils du numérique et des techniques participatives pour enseigner autrement. Pas de grande révolution, simplement des initiatives prometteuses. Voici un tour d’horizon (non exhaustif) des expérimentations réalisées à l’UCP.

Depuis que Tuyet Tram Dang Ngoc est chargée de mission des transformations pédagogiques à l’UCP, elle va à la rencontre de ses collègues pour recenser les pratiques pédagogiques qui sortent des sentiers battus.

« Mon rôle consiste à identifier les expérimentations mises en place à l’université. Pour cela, j’ai lancé un appel par mail et j’organise régulièrement des rencontres. Je remarque qu’un certain nombre de collègues très inventifs sont seuls dans leur coin. Mon objectif est de fédérer ces enseignants et de former une communauté dans laquelle on pourra partager nos bonnes idées ».

Les opportunités de la vidéo

Parmi les professeurs repérés par la chargée de mission, on retrouve Alexandre Mizrahi. Ce mathématicien à l’inimitable moustache réalise de courtes vidéos qu’il publie sur la plateforme pédagogique de l’UCP.
Chaque semaine, les étudiants de première année de licence visionnent une ou deux séquences complétant les cours avant de répondre à un QCM en ligne.
« Je tourne ces vidéos dans mon bureau, debout au tableau. Au départ, ce n’était pas évident de se filmer, confie Alexandre Mizrahi. J’ai appris à construire un scénario, à sourire aussi face à la caméra. Réaliser une vidéo, même de 5 minutes, demande beaucoup de préparation ».
Alexandre MizrahiÀ en croire les étudiants et le nombre de vues, ces petits films remportent un franc succès. Couplés aux QCM en ligne hebdomadaires et obligatoires, ils obligent les étudiants à travailler régulièrement.

L’utilisation de la vidéo permet d’aller plus loin, certains professeurs testent la "classe inversée".

Dans le département des sciences informatiques, Tuyet Tram Dang Ngoc et Philippe Laroque s’appuient sur le service du Sefiap (service d’expertise, de formation, d’ingénierie et d’accompagnement pédagogique) pour "convertir" leurs cours magistraux en vidéo.
« Au Sefiap, on peut s’appuyer sur l’équipe audiovisuelle qui nous reçoit dans un studio, nous dit Tuyet Tram. Ils ont le matériel de captation et de montage ainsi que des bons conseils ».  
Depuis le début du second semestre, Alexandre Mizrahi inaugure une "classe inversée" en en troisième année de licence de génie civil.
« Je fais ce cours depuis quelques années et j’ai vu l’amphi se vider au fil du temps. L’enseignement traditionnel ne convient plus, j’essaie donc le principe de la classe inversée. En amont du cours, les étudiants doivent regarder une vidéo de 20 minutes qui condense l’ancien cours magistral que je faisais en une heure et quart ».

Apprentissage par projet d'application (APPa)

Pour motiver les étudiants, certains enseignants ont trouvé une autre solution en recourant aux apprentissages par projet d'application (APPa).

C’est le cas de Julien Pytkowicz qui enseigne dans le CMI chimie. Depuis deux ans, avec l’aide de ses collègues, il propose à la rentrée aux étudiants de première et deuxième année de licence de conduire un "projet ludique" : concevoir un rouge à lèvre, résoudre une enquête de police scientifique sur une scène de crime. Les étudiants disposent alors d’une journée et demie pour imaginer un protocole d’expériences et pour le mettre en œuvre en salle de TP (travaux pratiques). Ils ont accès à toute la documentation et font régulièrement le point avec des enseignants pour éviter les mauvaises pistes.
« Ce dispositif a le mérite de pousser les étudiants à être autonome, inventif et à travailler en équipe », souligne Julien Pytkowicz.
L’atelier se termine par une présentation sur Powerpoint et par un QCM pour s’assurer que les contenus théoriques ont été acquis.
« Les APPa demandent un gros travail en amont de la part des enseignants, assure le maître de conférences. Cela en vaut la peine, mais si ce n’est pas la solution miracle. Je ne suis pas certain que les connaissances théoriques nécessaires à la réalisation du projet soient solidement acquises pour tous les participants ».

Sylvie FalempinSylvie Falempin, enseignante dans plusieurs CMI, est une adepte des APPa. Les apprentissages par projet offrent à ses yeux la possibilité de croiser les disciplines. À la rentrée, elle rassemble les étudiants des CMI de chimie, de biologie (BioSAN) et d'informatique (SIC) pour les mettre en situation de réaliser un projet commun. Cette année, ils devaient par exemple concevoir sur un prototype de voiture miniature capable de rouler plusieurs mètres. Chaque « écurie », composée par des étudiants aux compétences variées, a été évaluée en fonction du design et des performances mécaniques.

Apprentissage par problème (APP)

Sur un problème donné par l'enseignant, les étudiants sont amenés en petits groupes à adopter une démarche scientifique pour le résoudre : identifier les problèmes, formuler des pistes en petits groupes, se documenter, puis formuler des hypothèses et argumenter de façon rigoureuse ses solutions.
Bref, ne plus se contenter d'absorber des connaissances, mais les construire à partir des sources existantes tout en développant son esprit critique et sa pensée complexe.

Ces activités sont développés dans certains de nos CMI, comme le CMI SIC ; c'est un gros travail de préparation pour l'équipe enseignante, mais c'est une activité que devrait vivre chaque étudiant dans un établissement formant à la recherche scientifique et formant des citoyens responsables et autonomes dans leur apprentissage.

Évaluation par les pairs

Laurent Ricard, responsable pédagogique de la Licence pro Développeur web, s’appuie sur les APPa pour mettre en place l’évaluation par les pairs.
« Les étudiants participent au jury lors de la soutenance d’un projet des autres groupes. À ce titre, ils participent à la notation de leurs camarades ».
Ce procédé est aussi employé par le mathématicien Alexandre Mizrahi, qui demande aux élèves de première année de licence de corriger les devoirs maison de leurs camarades. Chaque élève reçoit quatre copies ainsi que le corrigé du professeur. Il doit alors repérer les erreurs et les expliquer.
« L’objectif est de faire prendre de la hauteur et responsabiliser les étudiants. Mais cela ne fonctionne pas quand les écarts de niveau sont trop grands dans la promotion ».

Véronique Larreta-Garde et Marie-France Breton au département de Biologie demandent, quant à elles, aux étudiants de troisième année de CMI de s’auto-évaluer. Elles leur distribuent à la fin de l’année un document qui recense sous la forme d’un organigramme les principales compétences censées être acquises durant les six semestres écoulés. Les étudiants estiment leur degré de compréhension, classifient les objectifs de chaque matière et pointent les interactions et les connexions entre les différents enseignements du cursus.
« Nous en sommes au stade de l’essai, les premiers retours sont positifs de la part des étudiants qui s’adonnent à cet exercice ».

Partage de connaissances

À l’instar de l’apprentissage par projet et des évaluations alternatives, certains enseignements reposent sur le partage de connaissances et le travail en équipe.

À l’UCP, les premiers à avoir exploré ces nouvelles pédagogies se trouvent au Faclab de Gennevilliers. Laurent Ricard, co-fondateur des lieux, explique que l’apprentissage passe depuis le lancement en 2012 par le partage entre pairs.
« La transmission de savoirs est horizontale et surtout pas verticale. Les Fab managers ne sont pas pour former les utilisateurs, mais pour créer des synergies entre eux. Ici, on cherche à construire un savoir collectif plutôt que de le dispenser ».

Les porteurs du Faclab sont des précurseurs qui inspirent aujourd’hui des enseignants, comme Florence Daumarie qui utilisent désormais des techniques participatives et collaboratives dans ses DU. Elle utilise notamment la plateforme gratuite slack pour partager des informations, des idées, des impressions avec ses étudiants.
« Cette application modifie la relation enseignant/étudiant, elle permet de travailler sur un pied d’égalité. On n’est plus dans un rapport descendant, les étudiants et les professeurs interagissent et construisent ensemble un socle de savoirs ».
Florence Daumarie s’est formée à ces méthodes alternatives en se rapprochant de ses pairs.
« Il existe des tas d’initiatives dans l’enseignement supérieur. Le numérique et Internet ont démultiplié les possibilités, mais je tiens à dire que les pédagogies collaboratives ne sont pas nécessairement nouvelles ».

 
Recueil des initiatives pédagogiques de l'établissement
Au début de l'année, un appel à tout l'établissement a été lancé afin de recueillir les témoignages sur les pratiques pédagogiques dans l'établissement... Nombre d'entre vous y ont répondu et cela confirme la richesse pédagogique dans notre établissement. Ces témoignages et retours d'expérience seront prochainement mis en ligne sur le portail pédagogique de l'université et des cafés pédagogiques seront organisés pour échanger sur ces sujets.
N'hésitez pas -si ce n'est déjà fait- à envoyer vos témoignages ou demandes de rencontre à : initiative-pedagogique@ml.u-cergy.fr